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De bac-3 à bac+3, des parcours de formation encore chaotiques en Normandie

Techniquement, on parle de « non-linéarité » des parcours… Façon pudique de désigner la dure réalité subie par de nombreux jeunes, de la fin du collège à l’entrée dans la vie active. Entre difficultés d’accès à l’information, déterminisme social, manque de moyens et restrictions sanitaires, se former n’est pas simple pour les 15-24 ans. Le CESER a cherché à mieux comprendre leur situation et fait des propositions pour améliorer leur autonomie et leur réussite.

Le paradoxe normand. En dépit d’un bon taux de réussite au diplôme national du brevet (DNB), l’orientation vers une seconde générale ou technologique est moindre, chez les collégiens normands, qu’au niveau national : ce paradoxe témoigne d’une mobilité sociale freinée très tôt, qui s’accroît avec la poursuite d’études, globalement plus professionnalisées et moins longues. Partout en France, le taux de scolarisation s’érode avec l’âge, mais le phénomène est plus élevé et plus rapide en Normandie. Cela explique pourquoi l’accès à l’enseignement supérieur est plus faible dans notre région (76 %) que dans le reste de la France (77,4 %). Autre spécificité, les jeunes hors parcours : en Normandie, ils sont près de 20 % à ne se trouver ni en emploi, ni en formation.

L’orientation, toujours en mal de repères. Si l’orientation est désormais reconnue comme un droit, force est de constater que son pilotage reste éclaté. Désormais en charge de la coordination des acteurs de l’information, l’enjeu pour la Région est double : ouvrir le « champ des possibles » et informer sur le « champ du probable ». Son bras armé, l’Agence régionale de l’orientation et des métiers, doit notamment accentuer la coordination entre les différents points d’entrée (CIO, missions locales…). Des améliorations doivent également être apportées à la plateforme Parcoursup, où l’offre de formation proposée est loin d’être exhaustive : le CESER invite les autorités académiques à se rapprocher par exemple des branches professionnelles pour recenser l’ensemble des formations en apprentissage. En outre, le CESER affirme qu’il est temps de construire de réels indicateurs de suivi de l’orientation dans le cadre du prochain contrat de plan régional de développement des formations et de l’orientation professionnelles (CPRDFOP), ce qui permettrait d’analyser plus finement les obstacles rencontrés.

Contre les déterminismes sociaux. Les déterminismes sociaux sont accentués sur certains territoires, comme en milieu rural ou dans les Quartiers Prioritaires de la Ville (6 % des Normands y résident). Face aux difficultés pour trouver un logement abordable et adapté à proximité du lieu de formation, le CESER suggère à la Région de conventionner avec des acteurs publics ou privés pour louer à des étudiants des logements de proximité à des prix abordables. De même, un dispositif de prise en charge des frais de déplacements domicile/formation serait le bienvenu pour ces jeunes.

Des coups de pouce pour franchir les étapes. Les parcours de formation sont faits de paliers dont le franchissement n’a rien d’aisé. Pour gagner en fluidité et en proximité, le CESER fait des propositions en faveur d’un maillage territorial de formations tenant compte de leur accessibilité, suggère la création d’antennes pour les formations de début de cycle de l’enseignement supérieur dans les villes moyennes, et encourage l’Agence de l’Orientation à poursuivre une collaboration plus étroite avec les EPCI. Certains publics nécessitent une attention renforcée, à l’image des élèves en situation de handicap, auxquels l’Education nationale devrait au titre de « L’Ecole inclusive » consacrer plus de moyens et renforcer la sensibilisation des personnels. Enfin, le CESER constate l’importance de la voie professionnelle en lycée, mais s’inquiète des difficultés pour les bacheliers à accéder à l’enseignement supérieur, notamment aux BTS.

IcoFont Icons earth Consulter l'étude du CESER