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Enseignement supérieur et recherche : comment la Normandie peut négocier l'après-covid

Pour le secteur de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) normand, l’après-crise sanitaire sera-t-elle différente de l’avant ? Il faudra bien sûr panser les plaies, notamment face à la paupérisation de milliers d’étudiants, mais sur le plan stratégique les priorités d’action n’ont guère évolué : à savoir muscler la communication et se démarquer de la concurrence. Il y a du travail, mais le potentiel est là.

Recherche cherche moteur. Comparaisons et classements vont de pair avec l’internationalisation de l’ESR. A ce jeu-là, la Normandie n’est pas toujours gagnante. Certes, des campagnes de communication existent, mais elles n’ont pas donné les résultats escomptés, car par-delà nos frontières régionales, la concurrence est rude. Certains territoires et établissements, y compris en France, ont bien compris l’intérêt de miser sur des sites institutionnels percutants et des réseaux sociaux dynamiques. En Normandie, la communication se fait toujours en ordre dispersé, malgré la présence de la ComUE. Une stratégie d’ensemble est nécessaire, et pour commencer le CESER propose la mise en place d’un moteur de recherche commun à l’ESR normand, qui recenserait l’intégralité de l’offre. Pour en faire la promotion, l’Agence régionale de l’Orientation et des métiers serait parfaitement à même de faciliter le rapprochement avec les sites nationaux d’orientation.

Le développement durable, n°1 chez les étudiants. Être attractif, c’est aussi répondre aux aspirations profondes de la jeunesse. Parmi celles-ci, le développement durable arrive en tête de toutes les enquêtes. Ce que le Campus Science Po de Caen a parfaitement compris, en s’ouvrant aux questions de ville durable, de participation citoyenne et d’habitat résilient. Parions que la crise sanitaire n’aura en rien atténué ces préoccupations ! A bon entendeur…

Doctorat, le grand paradoxe. Des écoles doctorales très bien notées, mais qui comptent moins d’effectifs que la moyenne nationale : c’est la situation de la Normandie. Alors que 2,6% des étudiants en région sont des doctorants, le CESER alerte sur la nécessité de suivre de manière renforcée le nombre d’inscriptions en 1re année de doctorat. La faute à la crise sanitaire, qui pourrait décourager certains étudiants d’accéder aux doctorats faute d’argent ou du fait de la fermeture des frontières (38% des doctorants sont des étudiants étrangers). Notons aussi que face aux difficultés d’insertion des doctorants, la Normandie serait avisée d’imiter sa voisine des Hauts-de-France, qui a choisi d’initier un groupement d’employeurs spécifique aux doctorants.

Le campus, vous le préférez virtuel ou réel ? Si la crise sanitaire a remis sur le devant de la scène les questions de formation à distance, le sujet existait déjà avant la pandémie aux travers des « antennes » ou « campus connectés ». L’idée ? Ouvrir, dans les territoires éloignés des établissements d’ESR, des lieux permettant de suivre à distance les enseignements. Pourquoi pas, dit le CESER, à condition que ces structures ne soient pas un prétexte pour en faire disparaître d’autres, et qu’elles ne soient pas réservées à un public dit défavorisé mais suffisamment autonome, et constitue des passerelles pour emmener les élèves vers des campus physiques.

Les sciences humaines et sociales dans le vent. L’un des effets positifs de la crise sanitaire aura été de mettre en exergue, dans les médias et au sein des instances gouvernementales, les sciences humaines et sociales (SHS). L’impact mental de la crise, les questions de droit et de liberté, ou encore les conséquences sociétales ont démontré l’importance que revêtent les SHS dans la compréhension et la gestion de notre société. Une excellente nouvelle pour la Normandie, qui doit affirmer son positionnement en la matière, à condition de savoir répondre aux appels à projets lancés par l’ANR et le ministère de l’Enseignement supérieur, tels que « résilience Covid-19 ». Attention toutefois de ne pas délaisser la recherche fondamentale, qui par nature ne peut anticiper ses résultats. Le choix fait par l’ANR de concentrer ses financements sur la gestion de projets est un risque à ne pas négliger.

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